En se rendant à la BAnQ de Sherbrooke, Qc. on peut consulter sur place de nombreux témoignages des gens de la mine recueillis par M. Simoneau. Plus de 70 personnes ont accepté de raconter à leur façon la petite histoire de la Theresa. Le verbatim de ces témoignages (audio) a été fidèlement retranscrit constituant ainsi une source inestimable d’informations, d’impressions et d’opinions. Par ailleurs, d’autres documents ont été déposés au Fonds Daigle de St-Hyacinthe, Qc.: de nombreuses lettres de financiers adressées à la direction de la mine, des lettres personnelles de Mgr Charbonneau, du notaire Wilfrid Gilbert, de l’homme d’affaires Charles Fortin, de leveurs de fonds et de nombreuses autres sources. L’auteur de ce récit d’archives, LA THERESA GOLD MINES, traduit en anglais sous le titre de THE CITY THAT WAS, a lui-même vécu à la mine. Il a, au cours de ces dernières décennies, interviewé des dizaines de personnes ayant vécu à la Theresa dont une vingtaine de ses cousins et cousines et une dizaines d’oncles et de tantes. En voici quelques-uns assortis de témoignages de contexte.
« Et dire [que] je suis venu dans ce triste pays pour amasser de l’or, et il me faut en amasser, et ensuite retourner chez moi et faire dignement face à mes affaires. C’est mon seul et unique but. Voilà pourquoi j’ai entrepris ce voyage (au Klondike). Et je me dis aussi, avec mes parents et amis: «Lorenzo, persévère et tu réussiras.» (p. 232-233).
Lorenzo Létourneau (un des rares canadiens-français s’étant installé au Klondike en 1899; prospecteur et futur maire de St-Constant, Québec).
« La dépression est particulièrement marquée au Canada et la reprise se fait à un rythme beaucoup plus lent qu’ailleurs. De 1929 à 1933, l’économie canadienne subit une véritable dégringolade et il faut attendre 1940 pour que le produit national brut dépasse celui de 1929. Le taux de chômage qui était de 2,9 % en 1929 atteint près de 25 % en 1933. Avec le quart de sa main-d’œuvre active sans emploi, le Canada est aux prises avec des problèmes économiques et sociaux d’une ampleur inconnue jusque-là (…) ».
Linteau, Durocher, Robert et Ricard (dans Le Québec depuis 1930 )
« L’avion était le seul moyen de transport de toute première importance en cas d’accident et d’aide aux miséreux. Que ce soit un moribond à secourir ou une famille mourant de faim, quelle consolation de soulager et apporter la joie du réconfort ».
Joseph-Marie Couture, jésuite, dans Cadieux, p.82)
“Je demeure à Longlac, centre des missions du R. P. Couture, s. j. Je fus longtemps le seul Canadien-français de cette région et les prédécesseurs du père Couture avaient pris l’habitude de faire du camp où je vivais d’abord, à soixante milles de Longlac, un lieu de rendez-vous pour les Sauvages des alentours. Au passage des missionnaires, les Sauvages se réunissaient chez moi”.
Alphonse Caouette , président
“Il y avait une entente entre le père Couture et Chapais, le chef de la réserve, à l’effet que les Indiens recevraient vingt-cinq pour cent des revenus”.
Eugène Gilbert, ouvrier et bras droit du directeur général, Marcel B. Caouette.
« Le Nord de l’Ontario deviendra une nouvelle province de Québec. La terre est extrêmement fertile et son étendue est telle qu’un million peut y vivre de l’agriculture sans compter les mines qui vont s’ouvrir. Hearst sera le siège d’un des plus beaux diocèses agricoles du Canada. »
Mgr Joseph Hallé, évêque de Hearst, cité par Coulombe p.78
« Quand le père Couture arriva à Hearst, une cérémonie fut organisée au Lac Ste-Thérèse, situé à huit milles environ de Hearst. Son Excellence Mgr Joseph Hallé, tout paré de ses ornements épiscopaux, bénit l’hydravion. Il était assisté de Mgr Zoël Lambert, son secrétaire, de l’abbé Antoine Brousseau, curé de la paroisse de Hearst, et de l’abbé Alphonse Corriveau ».
Lorenzo Cadieux, président de la Société d’histoire du Canada (1960)
« Les Timmins avaient une option d’achat, mais ils ne trouvaient pas assez d’or pour que ça vaille la peine. Ils ont dû dépenser 200 000 $ en recherche. Ils avaient creusé des puits, envoyé de l’or pour être raffiné et évalué, mais tous les résultats prouvaient qu’il n’y avait pas une quantité suffisante d’or pour être «minée». C’était trop petit”.
Omer Groulx, ouvrier
“Je sais qu’il y a eu des assemblées chez Michel Hallé, entre le père Couture, Mgr Hallé et son frère Michel. C’était quatre gros travailleurs (…) Pour trouver des fonds, Michel Hallé, qui deviendra un des dirigeants de la Thérèsa, vendait des parts pour un dollar à Québec. Il fallait acheter la machinerie, creuser, payer les hommes. C’est avec cet argent que l’on venait à bout de payer, de faire les développements nécessaires, car en Ontario, tu devais développer pour garder tes «claims», c’est-à-dire le territoire où l’on te consent l’exploitation”.
Marcel Léger, direction
« Quand la Theresa a fait surface, le procureur du diocèse de l’époque, Mgr Lambert, a cru que c’était le salut du diocèse (…) Mgr Lambert a mis beaucoup d’espoir dans ce projet. Comme il avait des connaissances à travers le pays et même à l’extérieur, il en a beaucoup parlé. C’était son espoir.”.
L’abbé René Grandmont, chancelier du diocèse de Hearst
« C’est le père Couture qui a intéressé mon père à la mine. Mon père était un homme d’affaires qui avait la confiance des gens de Courcelles, dans la Beauce. Il a ensuite amené le notaire Gilbert et Charles Fortin (Sirop de sapin) qui ont été des investisseurs importants (…) Mon père a été pendant longtemps vice-président de la Theresa, alors que moi, j’y ai été directeur durant six mois. Mon père était marchand général ».
Laval Pagé, investisseur
« Vous connaissez Charles Fortin, vous savez que c’est un homme sérieux et qu’il n’aime pas laisser traîner les affaires, Alors il tient à être prêt quand la guerre sera terminée, pour marcher la mine aussitôt… C’est vraiment un homme précieux ce monsieur et je suis heureux qu’il soit votre ami et votre supporteur; s’il y en avait seulement trois de cette trempe, je crois que cela ne prendrait pas goût de tirette pour financer la Theresa ».
Wilfrid Gilbert, notaire (lettre à Alphonse Caouette)
« Au Canada, chacun sait que, depuis le 3 septembre dernier, date de notre entrée en guerre avec l’Allemagne, la production minière nationale a fait un bond sensationnel. Les «stocks» jusque-là assez ternes ont repris leur mouvement de vigueur depuis la hausse de l’once d’or à 38,50 $. Après avoir rappelé les centaines de milliers investis par les Américains dans la région de Porcupine en Ontario… quelle part prendront les Canadiens à ce festin des rois ? ».
Michel Hallé (article du Bulletin de la Theresa Gold Mines)
« Imaginez-vous ce que j’ai manqué il y a près d’un mois, de la belle visite. En mon absence, Louis Bisson est venu pour me voir. Il devait partir le lendemain pour l’Angleterre avec un bombardier. Il a laissé entendre à mon portier qu’il partait pour assez longtemps… ».
Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal (Lettre à A. Caouette, Fondation Daigle)
« Hi Louis, comment ça va ?
Bisson spoke English and French equally well…Don, you’ve always liked the challenge of the Artic.
It was a statement, not a question.
Sure, I grunted…
Powell has asked me to make an exploratory flight to Baffinland. He told me it’s very urgent and top secret.
Great, Louis, right up your alley. Nobody’s ever flown up there”
So, in case something happens to one of our aircraft, the other will survive.
« Our ? »
Yes our. I want you to be the pilot of the second Norseman.
« No way!, I exclaimed.
Bisson’s face dropped…
I took a deep breath and stuck out my hand.
Sure, Louis, Ill’s be proud to be your wing man.
It was the 14th of February 1942.
Don McVicar (Pilote et navigateur; Crimson Road et Ferry Command Pilot)
« En 1939, il y avait déjà un petit moulin. Notre famille faisait la coupe du bois. Pendant la guerre, le site a été gardé par Caouette et Lucien Gosselin de Sherbrooke. Il se cachait à la Theresa pour ne pas aller à la guerre. Il a bûché le premier hiver avec Arthur Rouleau. Caouette a payé mon père à cette époque grâce au financement des actionnaires du Lac Saint-Jean et des « Sapin Fortin ».
Pierre Brassard, moulin à scie
« Au point de vue géologique, le terrain est de formation idéale pour les dépôts d’or. La partie de terrain la plus intéressante est aux alentours du piquet 1 et du «claim» 16 775 connu sous le nom de la veine Ste-Thérèse ».
J.W. Morrisson, ing.
« Mgr Charbonneau a descendu dans le puits. J’étais à côté de lui. Dans ce temps-là, il n’y avait pas d’ascenseur. C’était un réservoir en métal. On embarquait trois ou quatre et l’on descendait dans le fond du puits ».
Abbé Léo d’Auteuil
Colette Gilbert
« Les maisons de Carmelus Bolduc et de Charles-Édouard Fortin ont été construites en 1946. Le bois passait directement du moulin à scie à la maison à construire. On mettait du brin de scie dans les murs avec du carton pour le tenir. Avec le temps, le bois séchait ».
Colette Gilbert, fille d’Eugène et ainée des enfants de la mine
« Lundi, le 8 mai, nous avons été à Sherbrooke et nous avons acheté un compresseur complet avec engin à gasoline, ainsi qu’un marteau (Jackhammer)…Le tout pour un montant de 1500$ que nous paierons à nos trois, Mr (Wilfrid) Gilbert, Mr (Michel) Pagé et moi ».
Charles Fortin, Composé sapin Fortin, lettre à Alphonse Caouette, le 19 mai 1944, Fondation Daigle.
« Nous avions un dortoir et une salle à dîner. Au printemps, je suis allé peinturer chez le père Couture. J’y suis resté cinq semaines. Vers le 15 mai, je suis remonté à la mine. Carmelus Bolduc, son beau-frère, Charles-Édouard Fortin et Ovila Champagne ont été les premiers arrivés ».
Arthur Rouleau, ouvrier
Florian Nadeau
« J’allais cacher la bière dans le bois. De temps en temps, on se rendait à Longlac. Quand on revenait, on était pas mal saoul. Au début, nous ne pouvions pas sortir de Geraldton sans être surveillés par la police. Les Canadiens-français n’étaient pas bien vus “.
Florian Nadeau, mineur
« J’ai choisi le lieu d’installation du puits. Nous avons enlevé le bois. Nous avons construit quelques maisons, ainsi que la salle communautaire. Puis, nous avons engagé des hommes d’expérience qui avaient travaillé pour les Timmins. Le forgeron était irlandais, un nommé Anderson. Il y avait Paul Désilets, foreur au diamant, Al Lauzon, surintendant de la mine et deux autres mineurs : Tom et Alex Dupont. Ce dernier agissait comme mécanicien. Laurent Saint-Aubin était un mineur, mais il a été nommé capitaine. Nous avons développé la mine avec ce petit groupe-là ».
Fernand Cloutier ing. chef de la Theresa Gold Mines
« C’était la vie dans le bois. Nous n’étions payés qu’à moitié. Il n’était pas question d’heures dans ce temps-là. Une demi-heure ou trois quarts d’heures de plus, c’était toujours la même paie. Le monde était jeune. Caouette donnait une espérance épouvantable au monde ».
Maurice Gilbert, ouvrier
« Dans la cuisine, nous avions chacun notre travail. Les hommes mangeaient à heure fixe. Nous préparions aussi le lunch pour l’équipe de nuit. Jeannette s’en occupait. Des sandwiches aux œufs, elle en a fait. Moi, je faisais les tartes, le lundi ».
Gisèle Couture, cuisinière
« Ils ont fait une assemblée, un dimanche soir, dans la maison du «père Caouette», car il n’y avait pas d’autre place. Il y avait Mgr Lambert, Mgr Charbonneau, je crois, et le père Couture (82). Nous étions arrivés depuis une semaine ou deux. Nous avions 19 ans et nous avions dans nos poches 250$. On était indépendant. En venant me voir, Caouette a dit que je ferais un bon mineur. No way ! Il m’a relancé pendant que je peinturais la maison de Carmelus Bolduc et il m’a eu ».
Bertrand Paradis, mineur
« Le dimanche, je dis la messe dans la salle aux amusements. Dans un bout, il y a un petit magasin et en-dessous se trouve ma petite chapelle, où je garde le Saint Sacrement; et où je passe une grande partie de mon temps. En arrivant, j’ai fait le recensement de ce petit village : il y avait 137 âmes. Et il y en a plus de 200 maintenant ».
Abbé Alphonse Corriveau (aumônier de la Theresa Gold Mines)
« J’avais trente-cinq ans et je n’avais pas d’avenir à Shawinigan. On devait devenir millionnaire à la Theresa. Au bout de cinq ans, on devait nous donner chacun un char, une Buick, avec un numéro dessus. J’avais le numéro 14 ».
Charles-Édouard Fortin, (ouvrier et père de l’auteur)
« J’ai eu très chaud aussi quand nous avons construit l’office en 1946. J’étais au malaxeur. Je mettais les pelletées de ciment. Les autres étaient aux brouettes (…) Quand nous sommes arrivés, nous n’avions pas de filet contre les mouches. Je ne pouvais pas dormir tellement il y en avait ».
Sylvio Fortin, ouvrier
« Il fallait aussi voyager en canot pour aller chercher l’épicerie pour les familles de la Theresa. Tout a été monté en canot, un petit moteur de dix forces. Nous étions deux à faire le trajet. Un montait l’épicerie, l’autre, le fer, l’huile et l’essence. Tout était dans des barils ».
Donat Nadeau, fils d’ouvrier
« Mon père a vendu sa terre 10 000 $ pour aller s’installer en 1948 à la Theresa. En 1952, il a tout perdu. Il ne gagnait que 0,50 $ de l’heure ».
Robert Poulin, fils d’ouvrier
« On avait des parts, on se sacrait bien de l’ouvrage que nous avions à faire. Mgr Lambert avait un stock de parts privilégiées et il nous en a donné chacun une ».
Philippe Quirion, mineur
« Nous, les femmes, nous faisions notre ménage. Nous élevions les enfants. Nous faisions la cuisine et la couture. Nous sortions au village. La première année, nous étions allés à la messe à Longlac en snowmobile. Il n’y avait que des Indiens dans l’église, c’était pas mal curieux. Les deux ans qu’il n’y a pas eu de chemin, nous restions dans notre coin ».
Laurence Gilbert (Fortin), mère de l’auteur
« Armandine Fortin (Champagne) avait déjà ses contractions. Elle est arrivée à Longlac, ça pressait de plus en plus. Ils ont sauté dans une auto : Geraldton, vite ! Il n’avait pas fait plusieurs milles que le petit était en train de venir au monde sur le siège arrière de l’auto. L’accouchement s’est terminé sur le bord du chemin. La blague était qu’il fut surnommé Transcanada ».
Jeanne Duval, institutrice
« Tous ceux qui travaillaient là étaient comme des frères. On était tous des amis. Il n’y avait personne qui en voulait à l’autre. Tout le monde regardait pour sauver la vie de l’autre. S’il y avait du danger, nous prévenions l’équipe de travail »,
Grégoire Morin, mineur
« Il y a eu une série de films les samedi soirs. C’étaient des avions qui se battaient. Les enfants, nous nous ramassions derrière les châssis, dans l’escalier. Yvon Quirion pouvait y aller. Il se cachait et nous apportait des chips, des cigarettes et des liqueurs ».
Maurice Brassard, moulin à scie
« Les jeunes patinaient, jouaient à la «tag», à la balle et il a fallu beaucoup de temps avant qu’ils aient des livres ».
Annette Charbonneau, institutrice
« Même si l’abbé Corriveau nous avait interdit les vues, nous allions les voir en montant dans les échelles. Nous étions malcommodes, ça n’a pas de bon sens. À part des soirées de cartes, il y avait celles où l’on chantait. C’était seulement les chansons de l’abbé Charles-Émile Gadbois, la Bonne chanson. Quand l’abbé Gadbois venait à la mine, je te dis que l’on en chantait des chansons. Nous aimions cela à la mine ».
Lucia deVillier, institutrice
« Les Caouette appelaient nos enfants, les petits enfants de la rivière. Ils ne se mêlaient pas du tout aux nôtres. Ils élevaient peut-être leurs enfants différemment de nous… ».
Simone Gilbert, épouse de Carmelus Bolduc
« Ceux qui ont vécu la Theresa sont sortis avec des métiers. Ils savaient travailler le bois, bâtir leur maison. Ils savaient beaucoup de choses parce qu’ils ont été mêlés à toutes sortes de travaux, toutes sortes de choses ».
Adrien Noël, ouvrier et ultérieurement prêtre
« Il fallait bien s’amuser pour chasser l’ennui. C’était le fun de se jouer des tours entre nous, mais personne ne se chicanait. On avait des moments moroses, il ne fallait pas s’arrêter, sinon tu t’ennuyais. Quand tu venais te promener au Québec et que tu remontais, c’était moins drôle, beaucoup moins drôle. Zénéphat Tanguay, lui s’ennuyait. Il était marié et il avait laissé sa famille ».
Eudes Paradis, mineur
« La Theresa, c’était comme une paroisse ordinaire. L’abbé Corriveau était là. Les mineurs n’étaient pas des charismatiques. Ils vivaient une vie bien ordinaire. Il n’y avait pas d’emphase pour la religion. Cela était sûrement vrai de la part des mineurs, mais le clergé s’impliquait beaucoup ».
Bruno Jodouin, mineur
« Mgr Lambert avait dit qu’on ne pouvait jamais perdre des parts privilégiées. M. Caouette, pour sa part, affirmait qu’avec la mine, c’était comme les Chevaliers de Colomb : le nombre fait la force ».
Irène Simoneau, investisseur
« Les minéraux ne disaient pas grands chose à Gédéon, depuis que le curé de sa paroisse, un libéral par surcroît, lui avait fait acheté des actions d’une mine d’or appelée « Sainte Theresa Gold Mines ». Bien sûr, le curé avait été victime de promoteurs sans conscience; mais comme il avait proclamé en chaire que cette mine du Grand Nord était sous la protection de sainte Thérèse de l’Enfant -Jésus, plusieurs paroissiens achetèrent des paquets d’actions et y perdirent ».
Roger Lemelin dans le roman, Le Crime d’Ovide Plouffe, p.161
« Le curé m’achale un peu. Il spécule dans les parts de mines, fait perdre de l’argent au monde. Un naif et un libéral. Il passe son temps à vanter Sir Wilfrid Laurier, Alexandre Taschereau, nos deux plus terribles ennemis dans le passé. Les libéraux, pouah ! Heureusement que tu as été là ».
Le Père Gédéon (s’adressant à Duplessis, le Premier Ministre du Québec, Le Crime d’Ovide Plouffe, p.163)
« J’ai perçu la mine comme quelque chose de fondamentalement providentiel et catholique parce qu’on mettait en évidence le Père Couture. Le Père Couture avait une influence extraordinaire. Il voulait aider les Indiens et faire un village de Canadiens-français ».
Omer Bolduc, investisseur
« J’ai un plan. Un projet qui pourrait assurer pour des années le financement de la mine. Ici même, près de St-Hyacinthe, on pourrait construire un vaste centre de cinéma, avec un théâtre, une station de radio et des salles d’enregistrement ».
Charles-Émile Gadbois, prêtre, fondateur de la Bonne Chanson et de la station de radio CJMS
« Nous avons commencé par un souper suivi des vues (films sur la Theresa) de la mine et d’allocutions de Messieurs A. Caouette et E. Robidas, le Dr Gérard Noël, le curé Énis, l’abbé Papillon et Jules-Marie Leblanc. M. Caouette nous a entretenus durant deux heures et demie. Il nous a incités à partir des Clubs thérèsiens par région, en préparation pour le moment où la mine sera en production. Nous faisons partie une grande famille pour atteindre le but pour lequel la mine a été commencée. Tout le monde a été intéressé et émerveillé du succès de cette assemblée ».
Jules-Marie Leblanc, investisseur
« J’ai aussi organisé le banquet de 1951, au New Sherbrooke, à Sherbrooke. Il y avait 500 personnes. Nous avons donné des fleurs et un ensemble de vaisselle aux Caouette. Il y avait beaucoup de monde et une atmosphère pas ordinaire. Les gens étaient «pépés». Ils parlaient de la mine. Ils avaient espoir de faire de l’argent un jour, de devenir riches ».
Elma Lessard, investisseur
« Je fus ingénieur à la mine de 1949 à 1952. Ce fut une expérience unique que j’ai vécue dans ma vie. J’étais frais moulu de l’université. On me demande d’aller développer une mine, construire un moulin en pleine forêt où il fait un froid sibérien l’hiver et où on commence à travailler à six heures du matin jusqu’à huit heures le soir. Sur le plan professionnel, ce fut une expérience extrêmement enrichissante et, sur le plan humain, ce fut une expérience unique, assez exclusive : voir un gars comme Caouette qui réussit à regrouper des masses, à créer autant d’enthousiasme grâce à son esprit de leadership ».
André St-Arnaud, ing.
« Je ne pense pas que les Caouette ont essayé de jouer les gens impliqués dans la mine. Ils ont honnêtement essayé de créer une mine. Ils ont ramassé beaucoup d’argent, mais ils ne pouvaient pas dire naturellement que ce n’était pas un bon investissement. Ils devaient dire qu’il y avait une bonne chance de réussite et ils y croyaient. Marcel Caouette semble avoir toujours espéré que l’or lui saute à la figure. Il a toujours cru que la mine serait bonne. Il était impatient de la rendre rentable et ça lui a brisé le coeur quand il s’est aperçu que ce n’était pas le cas. Il était sincère et extrêmement optimiste. Il a peut-être eu des doutes, mais… ils ont fait un excellent travail ».
M.A.T. Kirk, inspecteur des mines de l’Ontario
« Personnellement, je ne crois pas que ma recherche, réalisée grâce à une subvention du programme EXPLORATIONS, du Conseil des Arts du Canada, soit vraiment complétée. Il faudrait apporter une réponse quant à l’importance que la Thérèsa a eu dans la vie de Mgr Charbonneau. La vie du diocèse de Hearst a-t-elle été affectée par cet épisode qui a marqué sa naissance ? Le nationalisme québécois a-t-il puisé dans cette première aventure économique ? Comment ?
La petite histoire étant ce qui façonne la surface du fleuve, j’espère que des équipes de recherches en histoire continueront mon enquête sur la Thérèsa. Bien des éléments mériteraient d’être approfondis. Et, personne n’a à rougir de la faillite d’une entreprise. Comme le disait si bien mes parents, qui ont perdu beaucoup d’argent dans cette aventure : les amitiés que nous y avons gagnées, valent bien les dollars que nous y avons perdus.”